[Event] Medusa

Même si cela remonte, il y a un bon moment, les événements à l’anniversaire de la reine, resteront gravés à jamais dans ma mémoire. J’étais comme en transe depuis des jours, marqué par les horreurs de cette réception. La prise d’otages, le gaz… Mais le plus marquant fut ce que j’avais fait. Même réduit, ma malédiction était toujours là. Ma victime fut juste paralysée, mais cela avait suffi à me faire face à la réalité. Malgré l’aide d’Hadès, et celles de spécialistes, je restais toujours la femme maudite d’Athéna. J’avais ralenti la cadence dans ma carrière, acceptant moins de contrats, n’ayant pas la tête pour jouer la comédie. On me rapportait chez moi les derniers articles parlant de mon état, faisant circuler les rumeurs les plus folles, mais je m’en moquais. Je voulais être seule et méditais, parfois en pleurant, sur mon sort. On m’avait bien expliqué que seule Athéna pouvait retirer le maléfice, mais je ne comptais passer par elle, surtout pas.

Mais je ne restais pas ainsi bien longtemps. Après les lames, l’action. J’avais fini par voir mon mal comme une maladie qu’on se traînait sans doute pour toute sa vie. Mais devais-je donc me laisser abattre et mourir dans mon lit me disait que j’étais fichu ? Non. Le monde était rempli d’hommes et de femmes qui se battaient contre leur maladie, des gens courageux et je comptais me battre autant qu’eux. Par tous les moyens, je trouverais quelque chose pour m’aider. Et comme mon mal était du genre particulier, il était clair que les spécialistes de ce monde ne pourront pas y faire grand-chose. Il fallait par de la « médecine parallèle. » Mais on ne pouvait trouver un sorcier digne de confiance, ils existaient tant de charlatans. Heureusement, il y avait internet.

Combien de sites avais-je consulté pour trouver mon bonheur. Ce monde, ne côtoyant pas la vraie magie, vous faisait la pub de tant d’escroc. Affligeant. Mais plus je cherchais, plus je désespérais. Bien que quelque chose pouvant me soigner définitivement pouvait m’arranger, juste quelques choses qui me soulagerait me suffirait. Les Légendes devaient pulluler dans ce monde, et l’un d’eux pouvait bien avoir quelque chose pour moi. Ce fut ce que je pensais quand je tombais sur l’annonce d’une boutique en France. Quelqu’un se vantant de vendre tout ce dont on avait besoin, de choses si peu commune. Qui ne tentait rien n’a rien. Me prenant un billet, je réservais le prochain vol pour la France.

Arrivant sur place, mon cœur battait si fort, je stressais. Bien que je dusse me douter qu’il s’agissait d’une voie sans issus, je gardais un minimum d’espoir de trouver une solution à mon problème. Médusa était du passé, elle n’avait plus de raison d’être ici. À présent, c’était au tour de Megara de vivre, et je comptais bien m’assurer qu’il en serait toujours ainsi. Respirant un bon coup, je poussais la porte qui vint faire sonner une clochette comme toute ancienne boutique qu’on pouvait trouver en Europe.

"Bonjour ? Il y a quelqu'un ?" Demandais-je peu rassurer dans un français avec un léger accent.

Refermant la porte derrière moi, qui refit tinter la clochette, je m’engouffrais dans cette boutique bien poussiéreuse. On se croirait dans un film d’Harry Potter, ou quelque chose du genre. Petite, la plus grande partie de son espace était occupée par de vieilles étagères remplies de curiosité. Difficile de faire une liste exhaustive, mais on pouvait y voir tant de choses étranges. Des morceaux d’os, des bijoux de toutes sortes aux formes étranges, des pots dont les étiquettes étaient à peine lisibles… Des objets insolites… Je ne savais même pas si des gens avaient réellement besoin d’un tel usage de ces choses. Mais sans doute y trouverais-je ce dont j’avais besoin. Et l’odeur errance, combinée à l’humidité qui glaçait l’air, me donnait la chair de poule. Sans doute que mes serpents se seraient mis à siffler d’un air menaçant en se dressant sur ma tête à ce moment-là.

"Je me nomme Megara Ioannis. J’ai vu votre publicité sur Google et peut-être pouvez-vous m’aider ?"

Si j’étais dans un film d’horreur, je verrais d’étranges choses se manifestait, comme la lumière qui s’éteignait, des objets qui bougeaient, d’étranges bruit ou une présence menaçante. Ce silence accentuait ces pensées. Fort heureusement, je vis quelqu’un vers le comptoir au fond. Retrouvant le sourire, je me dirigeais vers lui, rassuré et faisant preuve de la plus grande et meilleur des grâce, voulant me montrer des plus charmantes.

"Bonjour, excusez-moi, vous devez être le propriétaire. Si oui, j’aurais besoin de votre aide."

Je manquais de faire une crise cardiaque quand ce vieil homme me parla de l’autre côté. Et je manquais de mourir de honte en constatant mon erreur. Comment avais-je pus me tromper à ce point ? Je pouvais prétexter qu’il était bien trop dissimulé pour permettre d’identifier qu’il s’agissait d’un simple squelette, mais cela ne changea rien. Loin de me vexer, ou laisser parler mon ego, je préférais enchaîner sur une note plus comique. Elle était là pour affaire, il valait mieux éviter de se mettre à dos, la seule personne qui pourrait sans doute l’aider dans son affaire. Toute souriante, elle tendit sa main devant elle pour saluer, tout en chassant la fumée avec l’autre, que soufflait le marchand.

"Votre ami, doit avoir perdu la mémoire sans doute." Disais-je en référence qu’il n’avait plus que les os, et non plus son cerveau encore en vie. "Bonjour. Je me nomme Megara Ioannis. J’ai vu votre enseigne sur internet."

Je détaillais cet homme pour savoir à qui, je pouvais avoir à faire. Il était certainement vieux, mais sa barbe et ses cheveux donnaient l’illusion d’un sorcier loufoque. Je m’attendais presque à le voir sortir une baquette magique ou nourrir un bébé manticore dans une cage. Si tel était le cas, il ne faisait aucun doute que cet homme était la solution à mon problème. J’avais déjà vue de nombreux « spécialistes », mais même si le seigneur Hadès ne pouvait m’aider, alors qui le pourrait. Mais je mettais surtout concentrer sur des mages grecs, alors sans doute que quelque chose d’un peu plus exotique pourrait m’aider. Gardant le même ton chaleureux, mais peu rassuré, je poursuivais.

"Je viens directement de Grèce pour vous rencontrer. Sans doute l’auriez-vous compris, j’ai besoin de votre aide. J’aurais besoin de quelque chose de spéciale, si vous voyez ce que je veux dire."

Il m’était difficile de voir s’il m’écoutait sérieusement, ou si la fumée de sa pipe lui avait complètement embrumé l’esprit, le coupant de notre monde. Du moins, me posais-je la question, jusqu’à ce qu’il se mette à me sourire et me guida entres les étagères, montrant le plus possible d’articles exotiques qu’il possédait. J’ignorais l’utilité de tels objets, et il valait sans doute mieux ne rien savoir. Mais je me posais la question suivante, comment pourrait-il savoir quoi me donner, s’il ne connaissait pas mon mal ? Un médecin devait diagnostiquer son patient avant de lui donner un remède. Mais justement, le vieil homme s’arrêta de chercher pour demander conseil à son ami squelette. Ce pauvre homme devait se sentir bien seul.

Soudain, il me posa enfin la question. Mais le plus choquant, fut qu’il savait parfaitement qui j’étais, du moins en partie. Une Légende. Voilà un moment que je n’avais pas entendu une telle dénomination. Cela me choquait d’entre cela. Et je supposais que beaucoup protesterait, ou voudrait démentir, pas moi. Au contraire, je voulais le conforter dans sa dénomination. J’étais là pour qu’il m’aide, alors il fallait que je sois honnête, et s’il savait qui j’étais, voilà qui faciliterait pas mal les choses.

« -Je voie que vous êtes bien l’homme qu’il me faut. Je suis rassurais. » Disais-je avec le plus beau de mes sourires.

« -Pour tout vous dire, je ne sais pas trop ce que je cherche. Je suis frappée par une malédiction divine, et malgré de nombreux efforts, je ne suis pas arrivé à me l’éradiquer. »


Rien que le fait d’y penser me rendait bien sombre. Une mine triste qui reflétait des décennies de souffrances, de combats, de défaites. Et ces espoirs qui ne faisaient que s’évanouir, sans jamais apporter la moindre solution. Etais-je prête pour retenter l’expérience ? A vivre une nouvelle déception de plus dans ma longue histoire ? Je ne savais pas, sans doute que l’énergie du désespoir me poussait à encore essayer, me faisant devenir peu à peu folle. Sans doute, finirais-je dans la déchéance la plus abjecte, ou dans un asile. Je tentais de lui posais une question pour me changer ces horribles pensées.

« -Comment savez-vous que je suis une légende ? En êtes-vous une aussi ?

Sans attendre, cet étrange homme m’envoya sa fumée dans la figure. Je me mis à tousser et allais protester contre son manque de tact, mais je fus littéralement médusé, sans jeu de mots. Car mes yeux me montraient ma véritable forme. Enfin véritable… Cette créature hideuse qui fut jadis moi pendant des siècles et dont j’espérais ne plus revoir ce visage déformé. Ce n’était pas qu’il est un quelconque pouvoir et qu’il est deviné ce que j’étais, qui me choquais. C’était de revoir ce moi enfouis au plus profond de mon âme. Je ne revoyais la gorgone que dans mes cauchemars ou quelques fois dans un miroir. Ce douloureux souvenir qui me hanterait sans doute à jamais, mais qui, avec cette temporaire vision, confirmait bien une chose. Médusa, le monstre tant redouté existait encore. Venant dans ce monde, elle n’était pas morte, juste déguiser en une nymphe pour que les gens la regardent sans crier de peur. Mais ce que l’on voyait, en ce moment même, s’apparentait à un grossier maquillage sur un masque, avec une longue robe cachant le corps maudit qui était miens. Quand il disait pouvoir m’aider, je ne me fis pas prier pour lui demander comment, et ceux sur un ton un peu plus sec, car secouer par cette vision d’horreur.

« -Dites-moi comment alors. Je ne peux plus supporter ça. Je crois même que je vais devenir folle, alors si vous avez quelque chose qui peut m’être utile, je vous supplie de me dire quoi. »

J’avais encore mes « dons », moindre mais redoutable. Je n’aimerais pas les utiliser, mais je me sentais de plus en plus pousser à bout, et ce monstre que j’avais chasser jadis, pouvait reprendre peu à peu contrôle de moi. C’était ma part d’ombre. La femme aux cheveux de serpent était devenue l’avatar de ce qui était le plus mauvais en moi, la Médusa corrompu, violente et haineuse. Je faisais ce que je pouvais pour maintenir la gorgone loin de moi, mais depuis Londres, c’était comme si son retour était inévitable. Elle allait revenir et je ne pourrais rien y faire, et ce qui se passera, je ne pourrais le prévoir.

« -Je ne veux faire de mal à personne, juste avoir une vie normale dans ce monde. Mais si ce que vous avez vue dans la fumée revient… J’ai bien peur que plus aucune magie dans se monde ne pourra la stopper. »

Au fur et à mesure que je le voyais lire, user de magie, chercher quelque chose et préparer une potion, je sentais l’espoir se renforçait en moi. Le voyant faire, je ne pouvais que penser que ce brave homme avait effectivement quelque chose pour moi. Et le voir jouer avec la magie m’ôtait tout doute. Pendant tout le long, je ne disais rien, restant immobile dans mon coin. Mais intérieurement, je trépignais d’impatience. Tout excité de trouver enfin, quelque chose pouvant m’aider dans mon calvaire, j’allais sortir pour de bons de ce cauchemar, j voyais enfin la lumière au bout du tunnel. À la fin, le vieil homme me donna la mixture et me demanda de boire.

Déjà que visuellement, cela ne donnait pas envie, mais l’odeur était tout simplement abjecte. Même les bêtes les plus répugnantes éviteraient une telle chose. Mais j’étais tellement résolu à me soigner, que je pouvais courir ce risque. Et puis, tous les médicaments étaient connus pour avoir un goût atroce, un mal pour un bien comme on disait.

"D’une traite alors ! "

M’exclamais-je en levant le verre. Sans sentir ou profiter du goût, j’avalais d’un coup le contenu, ne ressentant l’odeur qu’après, me remontant directement de l’estomac, et me donnant la plus grosse envie de tout rendre. J’espérais pour lui que cela allait marcher. Sinon, le monstre risquait fort de revenir plutôt qu’on ne le pensait. Faisant quelques grimaces par reflexe pour supporter le goût, j’attendais qu’il revienne. Mais dés que je le voyais, j’en profitais pour lui demander :

"Qu’est-ce que cela va me permettre ? Je ne dois pas être encore libérer de mon maléfice si vous avez besoin d’autre chose."

Du thé ? Sérieusement ? J’espérais qu’il était bien meilleur pour lever une malédiction que pour faire à boire. La situation pouvait prêter à rire, mais je ne me sentais vraiment pas d’humeur. J’avais peur, une peur qui consumait depuis aussi longtemps que je m’en souvienne. Mais en bonne-dame, je retenais la moindre réflexion, si ce n’était cette expression écœurée, ne pouvant oublier l’infâme goût. Je fis donc non de la main en guise de réponse au vieil homme. Il était clair que je n’oublierais pas cette journée de sitôt.

Le propriétaire me passa autour du cou un collier. Selon lui, le cadran qui y figurait m’épargnerait les désavantages de ma situation pour un temps donné, temps qui devra être consacré pour chercher des ingrédients manquants. À la forêt enchantée. Je savais qu’il existait d’autres mondes, autre que le mien, mais je n’eus jamais l’occasion de les visiter. Surtout en sachant que là-bas, mon apparence humaine disparaîtrait. Mais c’était tout de même étonnant que ce soit moi, qui devrais m’y rendre. C’était sans doute un genre de test ou quelque chose comme ça. À vrai dire, je ne savais plus trop quoi penser, si ce que je devais faire. La situation me dépassait totalement, et une forme de fatalisme s’emparait de moi, me poussant à juste suivre les instructions tout simplement.

« Si je comprends bien, tant que je porterais ceci, tant que les aiguilles n’auront pas fait le tour… Je demeurerais ainsi ? »

Une petite précision ne ferait pas de mal. Et puis, il serait malheureux de changer en pierre par accident une fée, une princesse ou un pauvre paysan qui n’avait rien demander à personne. Mais, il ne fallait pas croire non plus que je trouverais une solution à mon problème dans la pharmacie du coin. Quand même, nous trouvions une solution à tous nos problèmes grâce à une pilule, mais rien contre les malédictions divines, incroyable. Allons donc voir ce que mère-grand avait pour nous dans ce cas. Je me permis par contre de poser une petite question. Sans doute, était-elle stupide, et sans doute aurais-je du commencer par-là, mais entraîner par le moment et mes inquiétudes, j’en oubliais les conventions.

« Mais… Puis-je connaître le nom de l’homme qui à accepter de m’aider s’il vous plait. »

Je demeurais une personne polie, qui savait rattraper ses erreurs quand il le fallait. Et savoir son identité était la moindre des choses. Et il savait déjà tant de chose sur moi, alors que ce n’était pas le cas dans l’autre sens. Dans ce cas, j’aimerais bien savoir si cette personne pouvait mériter un minimum ma confiance. Si par exemple, il venait à me faire comprendre qu’il était Loki, alors dans ce cas, non. Mais s’il s’agissait d’une personne fourbe cherchant à me tromper en m’envoyant seul Dieu sait où, il fallait que j’ai la moindre petite idée avant.

« Savez-vous ce qui m’attend là-bas. Quel genre de dangers risquerais-je de rencontrer. Et bien entendu, que vous faut-il ? »